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Toi qui viens d'Ethiopie...
3 octobre 2006

L'Ethiopie découvre son « Ile aux enfants »

var11003Tsehai, une girafe aux grands yeux noirs et roses, apprend aux enfants éthiopiens à compter, respecter la nature, faire bouillir l’eau avant de la boire. Cette « île aux enfants » éducative, conçue avec des marionnettes faites maison, est une première à la télévision en Éthiopie.

« Pour les enfants de trois à six ans en Éthiopie, il n’y a pas grand-chose en terme d’éducation publique. Seule une minorité de parents peut envoyer ses enfants dans une crèche privée, les autres restent généralement à la maison ou jouent dans la rue. Il y avait donc vraiment un vide à combler », explique la cofondatrice de cette émission, l’Éthiopienne Bruktawit Tigabu, 25 ans.

Avec son mari ingénieur, le jeune couple, équipé d’un ordinateur portable et de marionnettes faites maison, a commencé il y a deux ans la création des premiers épisodes de Tsehai adore apprendre en langue amharique (langue officielle en Éthiopie). Une façon pour l’institutrice éthiopienne et l’ingénieur informatique américain de conjuguer leurs talents respectifs et leur passion pour l’Éthiopie, où ils se sont rencontrés en 2003. Depuis, la petite girafe jaune et rouge « Tsehai » (soleil en amharique) est devenue « leur premier enfant ».

« De nombreuses études ces 35 dernières années ont montré les bénéfices de ces émissions éducatives pour les petits. Nous voulions faire profiter les enfants éthiopiens de ces avantages », raconte à l’AFP l’époux de Bruktawit, Shane Etzenhouser, 35 ans.

L’émission, première du genre en Éthiopie, a été diffusée pour la première fois le 17 septembre sur la chaîne publique Ethiopian TV, la seule qui existe. Chaque épisode de 8 à 10 minutes est conçu comme une leçon pendant laquelle Tsehai défend des valeurs comme la persévérance et le travail, et donne des rudiments de mathématiques et d’anglais.
« Grâce aux marionnettes et à l’animation, nous pouvons rendre plus concrets certains problèmes comme ceux de l’hygiène. Dans un épisode, nous montrons les parasites qui sont dans l’eau et qui risquent de faire du mal à Tsehai », explique Shane. « Nous pensons que les jeunes enfants sont la tranche d’âge où il est vraiment possible de faire une différence », ajoute Bruktawit, qui a créé les personnages de l’émission.

Autour de Tsehai, ses parents et grands-parents girafes, mais aussi une tortue centenaire, un chien et un mouton, peuplent les différents épisodes qui se déroulent sur les hauts plateaux abyssins. La population éthiopienne, l’une des plus pauvres au monde, a encore peu accès à la télévision, mais selon les projections de Shane basées sur un recensement du gouvernement réalisé en 2002, 2,2 millions d’enfants sur une population éthiopienne de 77 millions d’habitants devraient pouvoir regarder les aventures de Tsehai. Huit épisodes, dont quatre ont été financés par l’Organisation des Nations unies pour l’éducation et la culture (Unesco), ont été réalisés et doivent être diffusés chaque semaine. Trente autres aventures de Tsehai ont déjà été écrites, mais le couple cherche encore des financements, sachant qu’un épisode coûte environ 4 800 dollars.

« Le fait d’utiliser des marionnettes permet de réduire les coûts par rapport à un dessin animé classique. Nous avons pensé que ce type d’émission serait dans l’ordre de ce que le pays pourrait financer à terme », justifie Shane qui anime les marionnettes avec sa femme et réalise les décors sur son ordinateur. « La prochaine étape sera de la diffuser en oromifa (la langue de l’ethnie oromo, la plus importante du pays), puis peut-être en swahili et d’autres langues africaines », rêve à voix haute Bruktawit. « J’aimerais qu’un jour toute l’Afrique puisse bénéficier de ce genre de programme », conclut-elle.

Source : Annecom, 3 octobre 2006

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