Harar : Rimbaud l’Africain
Une colline blanche à l’horizon. A 500 kilomètres d’Addis Abeba, à l’est du Rift éthiopien se dresse Harrar, forteresse musulmane qui domine une immense plaine désertique. C’est ici, dans ces ruelles aux maisons blanchies à la chaux, qu’un voyageur nommé Arthur Rimbaud a posé ses valises, le 13 décembre 1880. Pendant huit ans, l’homme aux semelles de vent, qui a choisi d’abandonner la poésie, va se livrer au négoce et au trafic d'armes, organisant des caravanes vers la Mer Rouge, au Nord, ou vers le Choa de l’empereur Ménélik, plus à l’est.
Sur la place principale d'Harar, l'entrepôt de Rimbaud,
aujourd'hui reconverti en bar à dominos
Rimbaud le maudit, commerçant malheureux qui se perd et s’ennuie
dans cet îlot de maisons blanchies à la chaux, où résonnent sans cesse
les prières de 92 mosquées de la vieille ville. Rimbaud "le Saint",
comme le décrit un missionnaire catholique de l’époque, bravant les
insolations, les maladies, les attaques de ses caravanes, et ne
rentrant en France, en 1891, que pour s’y éteindre, amputé d’une jambe,
à Marseille, le 10 novembre 1891. Une impression volatile en somme, un
presque rien, une empreinte laissée derrière lui par un homme qui
fuyait la poésie pour l’aventure, et qui, délirant sur son lit de mort,
dictera ces quelques mots à sa sœur, adressés au directeur des
Messageries Maritimes: "dites-moi à quelle heure je dois être
transporté à bord...".
Rimbaud mystérieux, dont ne subsistent à
Harrar que peu de traces : l’entrepôt Bardey, sur la place principale,
dont Rimbaud prendra vite la direction, une "fausse" maison, construite
après sa mort et aujourd’hui transformée en musée dédié à l’auteur des Illuminations,
une rue portant son nom en ahmaric, la langue officielle de l’Ethiopie.
Et surtout des rumeurs, des anciens qui se souviennent de la présence
d’un Français, il y a un siècle. Une petite maison abandonnée que
Rimbaud aurait habité. Des enfants qui prononcent "Rembo", et
confondent le créateur d’Une saison en Enfer avec l’acteur américain, depuis qu’une équipe de télévision française est venue tourner, il y a dix ans, la vie du poète.
Un reportage de Marc
Fauvelle pour France Culture.
Retour
à Harar, forteresse musulmane perchée sur le flanc est du rift
éthiopien. C'est ici que le poète, devenu négociant et trafiquant
d’armes, passa les dix dernières années de sa vie.
Rencontre avec les mots de Rimbaud
Lecture des premières strophes du "Bateau Ivre" de Rimbaud par son traducteur éthiopien Berhanou Abebe.
Rimbaud à l'épreuve de la traduction
Pendant des semaines, Berhanou Abebe a travaillé sur une retranscription en vers et en ahmarique du "Bateau Ivre" de Rimbaud. Témoignage.
Interview de Bertrand Hirsh, directeur du Centre Français d'Etudes Ethiopiennes.
Source : Radio France, 23 décembre 2000