La Corne de l'Afrique au bord de la famine : il faut intervenir contre les effets de la sécheresse
Par Rachel Bonham Carter
Une intervention humanitaire s'impose de
plus en plus dans plusieurs zones de la Corne de l'Afrique, touchée par
la pire sécheresse de ces dernières décennies. Plus de 15 millions de
personnes, dont 2,7 millions d'enfants de moins de 5 ans, vivent dans
la région et sont menacées. S'il ne pleut toujours pas au mois d'avril,
il faudra intervenir pour sauver les enfants de la région, qui comprend
Djibouti, l'Erythrée, l'Ethiopie, le Kenya et la Somalie.
Abdi Nasser Mohammed, 10 ans, est assis sur le sol desséché, avec son
frère Imram, âgé d'un an, aux abords de Garissa Town, au Kenya. Environ
200 familles déplacées à cause de la sécheresse ont trouvé refuge dans
cette région.
« Le danger de famine est réel »
La sécheresse s'est aggravée parce qu'il ne pleut pas depuis deux
ans. Les récoltes sont perdues, les pâturages inutilisables, et les
sources sont à sec. Les populations de nomades sont les plus touchées
par l'insuffisance de pluie. Ils se déplacent d'un bout à l'autre de
cette région avec leur bétail, qui constitue leur principale source de
revenus.
En Somalie, où 25 pour cent de la population souffre de la sécheresse, le Représentant de l'UNICEF, Christian Balslev-Oelsen, déclare que la situation ne semble pas devoir s'améliorer avec la prochaine saison des pluies, qui est très attendue.
Zara Mahmoud, qui pleure dans les bras de sa mère, a 2 ans et souffre de grave malnutrition. Elles se trouvent dans un camp de personnes déplacées par la sécheresse, à proximité du village de Hartisheik, en Éthiopie. La veille, le frère de Zara est mort.
« Pour ce mois d'avril, nous devrions avoir à nouveau de la pluie, mais son niveau devrait être inférieur à la moyenne, selon les prévisions, » note-t-il. « Cela signifie qu'il sera impossible de survivre en Somalie dans des conditions normales. Les enfants dépendent totalement de ce que nous pouvons leur fournir : la nourriture, l'eau, les soins de santé, la nutrition ».
La Directrice adjointe des opérations d'urgence de l'UNICEF, Afshan Khan, pense, elle aussi, que des pluies de printemps au-dessous de la moyenne pourraient aggraver les problèmes actuels de façon déterminante : « Je crois qu'en cas de manque de pluie nous allons probablement avoir un risque réel de famine dans certaines parties de la Corne de l'Afrique. Cela signifie la mort de 10 000 à 12 000 personnes chaque mois, dont au moins la moitié seront des enfants de moins de 18 ans ».
Un financement vital
Dans la Corne de l'Afrique, les efforts de l'UNICEF sont axés sur trois principaux domaines, indique Mme Khan.
En Somalie, un berger cherche de l'eau pour sa chèvre dans un vaste secteur de la région de Bakol, dans le sud du pays. Un bon nombre de bêtes sont en train de mourir et le point d'eau le plus proche est à 25 km de là.
« Tout d'abord, faire en sorte que l'eau et l'assainissement soient disponibles, » dit-elle. « Nous réhabilitons des trous de sonde et nous acheminons de l'eau par camion citerne. Nous fournissons le matériel pour purifier l'eau parce qu'un bon nombre de sources ont été contaminées par des cadavres d'animaux.
« Ensuite, vient la nutrition. Nous constatons à présent des taux de malnutrition bien supérieurs à 30 pour cent et il y a un danger réel d'augmentation de la mortalité infantile. Le Programme alimentaire mondial aide à l'alimentation complémentaire et l'UNICEF va contribuer aux efforts de nutrition pour ces enfants gravement dénutris.
« Enfin, nous devons empêcher la propagation des maladies. Des enfants souffrant de malnutrition courent le risque de succomber à des maladies qui, pour eux, ne seraient pas forcément mortelles dans des conditions habituelles - la rougeole et le choléra. Avec l'appui de l'Organisation mondiale de la Santé et de partenaires non gouvernementaux, une campagne contre la rougeole a été lancée dans toute la Corne de l'Afrique. Des suppléments de vitamine A vont également être fournis afin d'améliorer l'immunité des enfants ».
Il sera indispensable d'assurer un financement continu de ces efforts pour que l'UNICEF et ses partenaires, notamment plusieurs institutions de l'ONU, des ONG et des organisations internationales renforcent leurs programmes d'urgence dans la Corne de l'Afrique et puissent ainsi répondre aux besoins des habitants d'une des régions les plus vulnérables du monde.
Source : UNICEF, 6 avril 2006