Étude de cas sur l´Ethiopie
Éthiopie: des améliorations mais l'économie reste fragile et la situation politique instable
Depuis l'adoption, il y a cinq ans, du Programme d'action en faveur des
pays les moins avancés pour la décennie 2001-2010, les résultats de
l'Éthiopie ont été mitigés. Des progrès ont été enregistrés dans
certains domaines, mais l'extrême pauvreté touche toujours un nombre
effarant de personnes: 94,7 % de la population vit avec moins de 2
dollars par jour.
Quelques améliorations…
Appliquant une saine politique budgétaire, le Gouvernement a accru ses dépenses dans des secteurs tels que l'éducation, la santé et l'agriculture en vue de réduire la pauvreté.
Approvisionnement en eau salubre
Depuis 2000, 6 millions de personnes ont accès à de l'eau salubre. Cette progression est certes spectaculaire, mais ce chiffre ne représente que 36 % de la population. Le Gouvernement compte approvisionner 70 % de la population d'ici à 2010.
Éducation
Les dépenses publiques consacrées à l'éducation ont progressé de 26 % en 2000-2001. En conséquence, les inscriptions à l'école primaire sont passées de 61 % en 2001 à 68,4 % en 2004. Au cours de la même période, le pourcentage de filles inscrites à l'école est passé de 41 à 59,1 %.
Santé publique
Les soins de santé primaire ont progressé de 61,3 % à 64 % au cours des quatre dernières années et le taux d'immunisation de la population qui était de 27 % en 2001 a grimpé pour atteindre 60 % en 2005.
Faiblesses structurelles de l'économie
La croissance économique a atteint 6,8 % en 2005, soit un résultat légèrement inférieur à l'objectif de 7 % fixé dans le Programme d'action. Comme c'est le cas pour de nombreux pays parmi les moins avancés, la croissance économique n'a pas encore entraîné une réduction de la pauvreté en Éthiopie, ce qui soulève des interrogations quant à la forme et à la qualité de cette croissance.
Les facteurs expliquant ces résultats médiocres sont les suivants:
* Dépendance excessive envers l'agriculture traditionnelle
* Secteur industriel stagnant
* Recettes tributaires des produits de base
* Faible niveau de développement humain et institutionnel
* Instabilité politique
* Succession de catastrophes naturelles
* Absence d'investissement
Agriculture
L'économie éthiopienne demeure fortement tributaire de l'agriculture de subsistance traditionnelle qui emploie plus de 80 % de la population active. Pendant la période 2001 2005 l'agriculture a assuré 43 % du PIB, soit un peu moins seulement que le secteur des services (46 %). Malgré un accroissement de 66 % des dépenses publiques dans ce secteur, les mauvaises récoltes ont entraîné une chute du revenu par habitant de 1,7 % en 2002 et de 6,6 % en 2003.
Secteur industriel
Le secteur industriel, qui ne progresse guère, a contribué pour moins de 15 % au PIB pendant la période 2001-2005.
Commerce
Le déficit commercial de l'Éthiopie se creuse et a atteint 2 815 milliards de dollars pour 2004-2005.
Les exportations restent très tributaires d'une poignée de produits de base, principalement le café. L'apparition récente d'entreprises privées spécialisées dans les fleurs coupées, qui ont contribué à doubler les exportations de produits agricoles constitue un aspect positif.
La faiblesse de l'infrastructure entrave le développement économique et social
Seuls 17 % de la population, essentiellement en milieu urbain, a accès à l'électricité. Les difficultés de transport font obstacle à la croissance économique et aux échanges.
Le réseau routier est peu dense et en mauvais état. Soixante-dix pour cent de la population n'a pas accès à des routes praticables en toute saison.
Instabilité politique
L'introduction de réformes démocratiques s'est traduite par une participation importante aux élections de mai 2005. Les résultats ont cependant été contestés ce qui a donné lieu à des troubles civils, à la suite de quoi les principaux partenaires de développement, à savoir le Royaume Uni, la Banque mondiale et l'Union européenne ont suspendu leur aide financière au Gouvernement pour 2005-2006.
Conséquence pour le service de la dette
Le Gouvernement a assuré le service de la dette ces dernières années, mais si l'aide étrangère n'est pas renouvelée, il n'est pas sûr qu'il sera en mesure de le faire à l'avenir.
Lutte contre la corruption
En 2005, l'indice de corruption établi par Transparency International pour l'Éthiopie était de 2,3 sur 10.
Le présent article est fondé sur une étude de cas sur l'Éthiopie réalisée par Teigist Lemma, consultant indépendant. Les opinions exprimées sont celles de l'auteur.
Source : Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement