Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Toi qui viens d'Ethiopie...
12 janvier 2007

SYNTHESE : Le procés de Mengistu Hailé Mariam (mai 2006 - janvier 2007)

Le procés Mengistu analysé par René Lefort

par Christophe Boisbouvier

sonOK2Ecouter l'interview

«Mengistu n’est pas poursuivi par la justice internationale parce qu’il est vraiment protégé par Mugabe.»

En Ethiopie, le procès Mengistu touche à sa fin. Le verdict est attendu dans les jours qui viennent. Depuis 1994, Mengistu Hailé Mariam et 65 dignitaires de son régime sont jugés pour génocide. Ils sont accusés d'avoir tué plusieurs dizaines de milliers de personnes sous la «terreur rouge» en 1977-1978. L'ancien président éthiopien n'est pas dans le box. Il vit au Zimbabwe. 21 des autres accusés sont également en exil. Le journaliste français René Lefort a vécu cette «terreur rouge» à Addis Abeba. Il a publié aux éditions La Découverte : «Ethiopie, la révolution hérétique».

Source : RFI actualité, 22 mai 2006


L'Ethiopie juge son «négus rouge»

par Pierre Prier

Le colonel marxiste Mengistu Haïlé Mariam et une centaine d'autres prévenus sont accusés d'avoir tué au moins 500 000 personnes entre 1974 et 1991.

20060523Au terme de douze ans de procès, l'Éthiopie s'apprête à condamner par contumace, peut-être dès aujourd'hui, son «négus rouge». Un jugement fleuve pour une mer de sang. Entre 1974 et 1991, le régime marxiste du colonel Mengistu Haïlé Mariam a tué au moins cinq cent mille personnes. La longueur des débats est due en partie à celle de l'acte d'accusation. Le colonel, arrivé à la tête de l'Etat en 1977, n'est que le principal accusé d'un procès qui en compte près de cent. C'est le «Derg», le gouvernement révolutionnaire d'alors, que l'on juge : 73 accusés, dont 26 en fuite à l'étranger, doivent répondre de 1 832 meurtres individuels, mais aussi de toutes ces années qui concentrèrent dans un pays les horreurs du vingtième siècle : meurtres de masse, assassinats collectifs, déplacements forcés de populations, famines provoquées.

Comme 25 autres accusés, Mengistu ne s'assiéra pas dans le box. A près de 70 ans, il mène une vie luxueuse en exil au Zimbabwe, où il est protégé par le président Robert Mugabe. Mengistu sort rarement en ville, un chapeau rabattu sur les yeux, entouré de gardes du corps, un pistolet à la ceinture. Des journaux africains affirment qu'il conseille son hôte. Les évictions forcées de milliers de Zimbabwéens porteraient la marque de la «méthode Mengistu».

Les Éthiopiens, eux, parlent encore avec crainte de la «Terreur rouge». Avec une majuscule : ce fut le nom officiel donné par le Derg, imbu de rhétorique révolutionnaire, à sa campagne d'assassinats des années 1976-79. L'expression finit par symboliser toute la période, qui commença par le meurtre de dizaines de membres de l'entourage de l'empereur et du négus lui-même. Emprisonné, Haïlé Sélassié mourut en 1975, un an après sa chute, officiellement d'un accident de santé, plus vraisemblablement étranglé ou étouffé. Pendant des années, on ne sut pas où était son corps. Le gouvernement actuel l'exhuma en 1991. L'empereur était enterré sous le bureau de Mengistu.

Famine organisée

Même à l'aune d'une histoire violente, la révolution fut cruelle. Elle prit l'habitude de célébrer les fêtes du 1er Mai par des exécutions de jeunes gens. Dans la tradition stalinienne de l'épuration, le Derg lança la chasse aux partisans de mouvements dissidents, en particulier le Parti révolutionnaire du peuple éthiopien (PRPE) et le Mouvement socialiste éthiopien (Meison, selon l'acronyme amharique). «Les corps des personnes tuées la veille étaient laissés au bord des rues pour assurer la publicité des assassinats, racontait en 1991 un rapport de l'organisation non gouvernementale Human Rights Watch. Ceux qui examinaient les piles de corps à la recherche de leurs amis étaient eux-mêmes arrêtés et exécutés».

En mai 1975, le secrétaire général de la section suédoise de Save the children estime qu'entre 100 et 150 adolescents, certains âgés de 12 ans, sont tués chaque nuit. Il décrit les corps de ces enfants «abandonnés dans les rues où ils ont dévorés par les hyènes». Des arrestations de masse ont lieu dans une ambiance à la Khmer rouge : «Il suffisait de savoir lire et écrire, et d'avoir moins de 20 ans, pour faire figure de contre-révolutionnaire.»

La Haute Cour d'Addis a aussi jugé les violences contre les civils : massacre de femmes et d'enfants, bombardement de villages au napalm... Mais la véritable marque de la répression du Derg, celle qui marque l'opinion publique mondiale, fut celle de la famine organisée. Le procédé avait déjà été employé par Staline en Ukraine mais la révolution éthiopienne y ajouta, avec une grande sophistication, la manipulation de la charité planétaire. La grande famine de 1983-85 était certes due en partie à la sécheresse mais aussi aux destructions de villages et de cultures par l'armée et aux opérations de «réinstallation» forcées. L'aide internationale se mis en branle. Le Derg comprit très vite comment l'utiliser. «Le gouvernement n'avait accès qu'à une minorité des populations du nord, les plus touchées, écrit le rapporteur de Human Rights Watch. Comme l'aide passait exclusivement par le gouvernement, celui-ci a envoyé la nourriture aux zones qu'il contrôlait. Puis l'aide lui a permis d'étendre son influence sur des zones contestées.» En tout, 400 000 civils sont morts dans le Nord pendant ces trois années. De nombreuses ONG internationales ont par la suite quitté l'Éthiopie pour ne pas servir d'alibi. Mais le mal était fait. Le «négus rouge», même s'il est condamné, n'aura probablement jamais à rendre de comptes.

Source : Le Figaro, 23 mai 2006


Mengistu jugé coupable de génocide

par Saïd Aït-Hatrit

Après douze ans de procès par contumace, la Haute Cour d’Addis Abeba a déclaré mardi l’ancien président éthiopien Mengistu Hailé Mariam coupable de génocide. Aujourd’hui réfugié au Zimbabwe, il est, avec les membres de la junte militaire au pouvoir de 1974 à 1991, responsable de la mort de milliers d’opposants réels ou supposés.

arton10853Alors qu’Augusto Pinochet vient de s’éteindre paisiblement, un autre dictateur, l’ancien président éthiopien Mengistu Haile Mariam, a été déclaré mardi coupable de génocide par la Haute Cour fédérale d’Addis Abeba. Il était jugé par contumace depuis le 13 décembre 1994 pour les crimes commis par son régime de 1977 à 1978, durant la « terreur rouge ». Le dictateur ne se verra sans doute jamais infliger la peine de mort qui risque d’être prononcée contre lui le 28 décembre prochain. Il est réfugié au Zimbabwe et le président Robert Mugabe, que Mengistu a soutenu dans les années 1980 dans sa guérilla indépendantiste, refuse d’accéder aux demandes d’extradition de l’Ethiopie. Le « Négus Rouge » était jugé en compagnie de dizaines de hauts responsables et de membres du « derg ». Le nom, en amharique, de la junte militaire qui a renversé l’empereur Haile Selassie en septembre 1974 pour installer un régime dit « marxiste ».

34 d’entre eux ont défilé à la barre alors que 27 autres, comme Mengistu, ont été jugés par contumace, selon la BBC. D’autres encore sont morts en prison. 57 ont été reconnus coupables de génocde, parmi lesquels l’ancien Premier ministre Fikré Sélassié Wogdéresse et l’ancien vice-président Fissiha Desta. La justice éthiopienne devait rendre son verdict en mai dernier mais le président de séance avait demandé un délai supplémentaire. Un retard en partie dû à la longueur de l’acte d’accusation. Mengistu et ses compères étaient jugés sur la base d’ordres d’exécutions signés, de vidéos de séances de torture et de témoignages.

La famine comme arme de guerre

Ils devaient notamment répondre de la mort de 1 823 personnes identifiées, pour l’essentiel des opposants réels ou supposés. L’empereur Hailesselassié, sans doute assassiné, en août 1975, sur ordre de Mengistu, fait parti de cette liste. L’acte d’accusation contenait également la politique de déplacement forcé de population qui causa la mort de près de 100 000 personnes au milieu des années 1980, selon Trail Watch. D’après l’agence de presse éthiopienne ENA (Ethiopian news agency), plus de 720 témoins ont été entendus durant le procès.

Les premiers assassinats, le derg les a commis contre ses propres membres. Tour à tour, ses éléments les plus radicaux ont assassiné leur président (du derg et de l’Etat), Aman Andom, en novembre 1974, puis Tafari Benti, en novembre 1977, ainsi que leurs partisans et des membres de la famille royale. C’est à la fin de cette année 1977 que Mengistu accède à la magistrature suprême pour ne la quitter que 14 ans plus tard.

Il lance la « Terreur rouge », une épuration censée répondre à une « Terreur blanche » perpétrée par les opposants du Parti révolutionnaire du peuple éthiopien (PRPE). Les membres de l’autre principal groupe marxiste, le Mouvement socialiste pan-éthiopien (Meison), qui soutenait pourtant le négus contre le PRPE, font également les frais de purges aveugles qui ne se soucient guère de preuves ou de procès.

Mengistu, engagé contre des éléments sécessionnistes, notamment au nord, sur le front érythréen, a également usé de la famine comme arme de guerre. Les différentes estimations rendent le derg coupable de la mort d’au moins un demi-million de personnes. Il a été renversé en 1991 par une coalition conduite par l’actuel Premier ministre, Mélès Zenawi, lui-même l’objet de critiques après la répression d’opposants lors des élections générales de mai 2005.

Source : Afrik.com, 12 décembre 2006


L'ex-dictateur Mengistu reconnu coupable de génocide

1213_ethiopieL'ex-dictateur marxiste éthiopien, Mengistu Hailé Mariam, a été reconnu coupable par contumace de génocide par la justice éthiopienne mardi, pour les horreurs commises pendant la Terreur rouge (1977-1978).

Le colonel Mengistu, qui vit en exil au Zimbabwe depuis que son régime a été renversé en 1991 par le régime actuel, était présenté comme l'accusé n°1.

Les avocats des accusés ont désormais 16 jours pour présenter des circonstances atténuantes qui pourraient permettre d'alléger les peines.

La sentence définitive pourrait donc être prononcée lors de la prochaine audience de ce procès-fleuve, le 28 décembre. M. Mengistu risque la peine de mort.

Ces procès de la "Terreur Rouge" (1977-78) ont débuté à Addis Abeba le 13 décembre 1994. Celui du "Négus Rouge", surnom donné au colonel Mengistu qui a dirigé l'Ethiopie de 1977 à 1991, dure depuis dix ans et le prononcé du verdict avait été plusieurs fois reporté.

L'accusé n°2 est l'ancien Premier ministre Fikre Sélassié, qui, lui, comparaissait devant les juges ainsi que 33 autres prévenus, accusés d'avoir participé directement à cette période de répression sanglante qui a fait quelque 100.000 morts et disparus.

Ces anciens dignitaires devaient répondre de 211 chefs d'inculpation - dont torture, assassinat de l'Empereur Haïlé Sélassié, séquestration, spoliation, exécutions sommaires - regroupés en quatre catégories.

Les accusés numéros un à douze ont été reconnus coupables de ces 4 catégories de charges, soit "génocide, homicide, emprisonnement abusif et torture, et confiscation de biens".

Les onze co-accusés de M. Mengistu sont tous d'anciens membres du comité central du Derg (un conseil d'officiers), arrivé aux affaires en 1974 et officiellement présidé à partir de 1976 par le colonel Mengistu.

Parmi les 61 autres personnes mises en causes dans ce dossier, 60 ont été reconnues coupables de génocide "à la majorité" des votes des trois juges de la cour, et d'homicide "à l'unanimité" des votes des juges, a déclaré le président de la Haute cour fédérale d'Ethiopie, le juge Medhin Kiros.

"Il est intéressant de noter que les juges ne se sont pas entendus à l'unanimité sur les charges de génocide", a souligné à l'issue de l'audience un des avocats de la défense, Abebe Worki. "Maintenant il n'y a plus qu'à attendre les sentences, tous les recours ont été épuisés", a-t-il expliqué, à l'issue d'une audience de plus de cinq heures plusieurs fois interrompue.

Un seul accusé, Begashaw Gurmessa, ancien membre du comité central du Derg, a été acquitté de toutes les charges.

"La cour a trouvé de solides preuves de l'innocence de M. Begashaw Gurmessa puisqu'il a été emprisonné sous le Derg et déclaré anti-révolutionnaire", a déclaré un des trois juges.

Libéré à la chute du "Négus Rouge", M. Begashaw a été arrêté par les nouvelles autorités et détenu. Au total, il a passé 16 années en détention.

"A l'exception de l'accusé n°41, la cour a déclaré coupables d'actes illégaux tous les accusés", a annoncé le tribunal.

Tous les prévenus reconnus coupables risquent la peine de mort, y compris M. Mengistu.

Dans la salle, l'assistance essentiellement composée de familiers des prévenus, n'a rien laissé paraître de ses sentiments, la plupart attendant le prononcé des sentences.

Ce tribunal circulaire aux murs lambrissés avait, ironie de l'Histoire, été construit à l'époque du Derg et porte encore au plafond l'écusson de l'Ethiopie communiste (roue dentelée, étoile, carte de l'Ethiopie frappée du marteau et de la faucille) avec cette devise en amharique: "Nous allons détruire les traîtres et mettre sous contrôle non seulement les traîtres, mais aussi la nature".

Source : Jeune Afrique, 12 décembre 2006


Mengistu rattrapé par l'histoire

par Ndzinga Amougou

Il croyait certainement terminer en paix sa vie dans son exil doré au Zimbabwe, menant un grand train de vie dans une luxueuse villa du quartier de Gunhill, surveillée par six gorilles aux frais du contribuable zimbabwéen.

Il n'en sera plus tout à fait ainsi pour Mengistu Hailé Mariam, celui là-même qui, de 1974 à 1991, a dirigé d'une main de fer l'Ethiopie. Il a été reconnu mardi dernier coupable de génocide par la Haute cour fédérale d'Ethiopie. Il encourt simplement la peine capitale.

En 1974, Mengistu fait partie des officiers qui renversent l'empereur Hailé Sélassié lors d'un coup d'Etat fomenté par le Derg, une junte militaire se réclamant du marxisme. Après une effroyable purge au sein même du Derg en 1976, Mengistu devient chef de l'Etat et dirigeant incontesté de cet appareil à broyer les vies que fut le Derg. Il impose alors un gouvernement militaire impitoyable. C'est ainsi qu'entre 1977 et 1978 des dizaines de milliers d'Ethiopiens soupçonnés d'être des opposants, vont connaître une fin atroce après torture. C'est la barbarie à l'état pur. Parfois, les tueries ont lieu en pleine rue. Comble du cynisme : les milices demandent aux familles des victimes de rembourser le prix des balles pour pouvoir récupérer les corps. Les estimations les plus fiables parlent de plus de 10.000 suppliciés morts dans des conditions inhumaines. L'empereur Sélassié, le Roi de rois sera, à 80 ans, étranglé . Son corps sera jeté dans une latrine du palais. D'autres sources affirment qu'il a plutôt été enterré sous le bureau du Négus rouge, Une autre appellation de Mengistu.

Cette période, sans doute la plus noire de l'Ethiopie, a été baptisée " la Terreur rouge ". En plus de l'empereur, le Négus rouge a aussi massacré en 17 ans d'un règne absolu, pas moins de mille personnes, dont 60 ministres et hauts dignitaires ou membres de la famille royale. Il n'a même pas hésité à utiliser le napalm, voire des bombes à fragmentation contre les civils dans les régions qui lui étaient hostiles. C'est certainement le premier dirigeant africain à expérimenter la famine comme arme de guerre dans son pays.

Voilà pourquoi, le procès ouvert contre ce " cas énorme ", pour parler comme l'un des juges chargés de cette affaire, a duré plus de douze ans. Commencé le 13 décembre 1994, le verdict définitif ne sera connu que le 28 décembre prochain.

En raison de la multiplicité des affaires et surtout du nombre très élevé des témoins à entendre, le procès a dû traîner en longueur . Il a fallu réunir toutes les preuves, entendre 730 témoins, compulser 3000 documents, étudier des centaines de milliers de pages de documents divers (ordres signés, vidéos de séance de tortures, témoignages de victimes, visite de fosses communes etc..) Nul doute que Mengistu sera condamné à mort. Mais mettre la main sur lui est une autre affaire. Le Zimbabwe où il coule des jours paisibles depuis qu'il a été chassé du pouvoir en 1991, a déjà fait entendre qu'il ne l'extradera jamais.

En réalité, que le Zimbabwe extrade le tortionnaire ou non, il est déjà condamné. C'est ça qui important. L'enjeu final du procès de Mengistu ne saurait être le sort réservé à un misérable tortionnaire, mais l'avenir de la barbarie telle qu'elle se manifeste aujourd'hui ici où là à travers le monde. Ceux qui se rendent coupables de violation de droits de l'homme doivent savoir que tôt ou tard ils seront rattrapés par l'histoire.

Source : All Africa, 15 décembre 2006


Un inculpé de génocide condamné à mort

La haute cour fédérale d'Ethiopie a annoncé lundi qu'elle avait prononcé la peine de mort à l'encontre de Major Desta Awulachew, inculpé de crime de génocide au cours de l'ancien régime militaire à Higher 22, une ancienne commune à Addis Abeba.

Selon le verdict de la cour, Desta a commis le crime lorsqu'il était membre du Comité de décision de la Terreur rouge et qu'il assumait la fonction du président du Comité de Coordination de la Campagne révolutionnaire à Higher 22 et du président de Higher 22.

Toujours selon le verdict, l'auteur du crime a tué 55 personnes et blessé 57 autres par la torture, sans compter 949 personnes détenues de façon illégale.

Les victimes sans arme n'ont pas eu l'intention de résister lorsque les forces dirigées par le coupable les ont arrêtées depuis leur résidences, bureaux ou dans les rues, conclut le verdict.

Source : Jeune Afrique, 8 janvier 2007


L'ancien dictateur éthiopien, Mengistu Haïlé Mariam, condamné à la prison à vie

Le «Négus rouge», au pouvoir de 1977 à 1991, a été reconnu coupable de génocide. Le Zimbabwe, où il est exilé, a fait savoir qu'il ne l'extraderait pas.

Après dix ans de procès, l’ancien dictateur marxiste éthiopien, Mengistu Hailé Mariam, dit le «Négus rouge», a été condamné jeudi par la haute cour fédérale d’Ethiopie à la prison à vie par contumace pour génocide. Le Zimbabwe, où il est exilé, a annoncé qu'il refuserait son extradition.

Agé de 69 ans, le colonel Mengistu a fui l'Ethiopie en mai 1991, après le renversement de son régime. Il avait été reconnu coupable le 12 décembre dernier de génocide par la justice éthiopienne : la repression dans les années 1977-1978 avait fait 100 000 morts et disparus.

Mengistu avait pris la tête du régime militaro-marxiste éthiopien, le 3 février 1977, lors d'un coup d'Etat sanglant. Soutenu par le camp pro-soviétique dans le conflit avec la Somalie dans l'Ogaden, puis confronté à la rébellion nationale érythréenne, Mengistu avait signé une alliance avec l'URSS en 1978 et créé le parti marxiste-léniniste du Parti des travailleurs d'Ethiopie (PTE) en septembre 1984. De 1983 à 1984, il préside l'Organisation de l'unité africaine (OUA), dont le siège est à Addis Abeba.

Chef de l'Etat, chef des forces armées, secrétaire général du Parti des travailleurs d'Ethiopie, Mengistu fut officiellement confirmé en tant que président de la république démocratique populaire éthiopienne en septembre 1987, après avoir quitté l'armée. En mai 1989, il réprime une tentative de coup d'Etat en faisant exécuter 12 généraux. En 1990, il annonce de nouvelles orientations libérales destinées à sortir l'Ethiopie du désastre économique et de la guerre civile. Il tente, parallèlement, un rapprochement avec les pays occidentaux, après avoir renoué les relations diplomatiques avec Israël.

Le procès des reponsables du régime Mengistu a commencé à Addis Abeba en décembre 1994. Douze d’entre eux ont été reconnus coupables de torture, assassinat, séquestration et spoliation.

Source : Libération, 11 janvier 2007


L'ex-dictateur Mengistu condamné à la prison à vie

L'ex-dictateur marxiste éthiopien Mengistu Hailé Mariam, reconnu coupable de génocide pendant la "Terreur rouge" et qui vit en exil au Zimbabwe, a été condamné à la prison à vie par contumace jeudi par la Haute cour fédérale d'Ethiopie, a rapporté un journaliste de l'AFP.

La sentence devait être prononcée le 28 décembre, mais le juge Medhin Kiros de la Haute cour fédérale d'Ethiopie à Addis Abeba avait décidé d'ajourner le prononcé du verdict jusqu'au 11 janvier, le temps d'examiner les dossiers concernant des circonstances atténuantes présentées par les coaccusés de M. Mengistu, qui risque la peine de mort.

Le tribunal avait d'abord annoncé que le verdict serait prononcé en mai dernier, avant de prendre plus de temps pour étudier les preuves accumulées - plus de 40.000 pages de procès verbaux - contre M. Mengistu qui vit en exil au Zimbabwe depuis que son régime a été renversé en 1991 par le pouvoir actuel.

Les procès des responsables du régime Mengistu ont débuté à Addis Abeba le 13 décembre 1994. Celui du "Négus Rouge", surnom donné au colonel Mengistu qui a dirigé l'Ethiopie de 1977 à 1991, dure depuis dix ans. Ces dirigeants sont accusés d'avoir fait exécuter ou disparaître une centaine de milliers d'Ethiopiens entre 1977 et 1978, période baptisée "Terreur Rouge".

Le Zimbabwe a écarté l'éventualité d'extrader l'ancien dictateur éthiopien: le régime du président Robert Mugabe estime que "le camarade Mengistu a demandé asile et l'asile lui a été accordé. Cette position ne changera pas".

Le colonel Mengistu avait notamment soutenu la lutte pour l'indépendance du Zimbabwe menée par M. Mugabe dans les années 70. M. Mengistu partage son temps entre une villa hautement sécurisée à Harare et une propriété à la campagne, à l'extérieur de la capitale.

En 2005, cinq à six cents accusés, sur 6.000, avaient été libérés, après avoir purgé des peines de prison de deux à 10 ans. Une quinzaine sont morts en prison. Les tribunaux ont prononcé plus de 500 acquittements, et deux condamnations à mort, dont une par contumace.

Source : Jeune Afrique, 12 janvier 2007

Publicité
Commentaires
Toi qui viens d'Ethiopie...
Publicité
Archives
Publicité