Un journaliste renvoyé en prison pour une affaire de diffamation datant de 2002
Reporters sans frontières dénonce la décision de la Cour suprême
éthiopienne de renvoyer en prison Abraham Reta, journaliste de
l’hebdomadaire privé Addis Admas, après le rejet de son appel contre sa
condamnation, en mai 2006, à un an de prison pour "diffamation". "On ne pourra pas parler de liberté de
la presse en Ethiopie tant que de lourdes peines de prison seront
prononcées, dans des conditions aussi anormales, contre les
journalistes que le gouvernement classe, selon son bon vouloir, dans
les rangs de l’opposition. Il est urgent qu’une solution soit trouvée
pour que les journalistes incarcérés soient libérés. Maintenir une
partie de la presse en prison et faire vivre l’autre partie dans la
peur d’être jetée en cellule ne conduit qu’à une détérioration de la
situation générale dans le pays", a déclaré l’organisation. Le 26 janvier 2007, la Cour suprême a
rejeté l’appel interjeté par Abraham Reta contre sa condamnation, en
mai 2006, à un an de prison pour "diffamation" pour un article publié
en 2002, lorsqu’il était rédacteur en chef de l’hebdomadaire
aujourd’hui disparu Ruh. Il lui était reproché d’avoir cité sans
preuves crédibles les noms de trois hauts fonctionnaires dans une
affaire de corruption. Arrêté le 24 avril 2006, il avait purgé trois
mois de prison avant d’être placé en liberté conditionnelle, en
attendant le résultat de son appel. Après plusieurs audiences, au cours
desquelles Abraham Reta a plaidé non-coupable et été contraint
d’identifier la source de son article, il a été renvoyé en prison pour
purger les neuf derniers mois de sa peine. Le recours à des affaires datant de
plusieurs années est une pratique fréquente en Ethiopie. Le 27 décembre
2006, l’ancien rédacteur en chef de l’hebdomadaire aujourd’hui disparu
Dagim Wonchif, Leykun Engeda, a été renvoyé en prison pour purger les
quinze mois de prison auxquels il avait été condamné, en décembre 2005,
et contre lesquels il avait fait appel devant la Cour suprême. Il était
poursuivi pour un article paru en 1999 sur un mouvement rebelle nommé
Ethiopian Patriotic Front. Le 5 mai 2006, Tesehalene Mengesha, ancien
rédacteur en chef de l’hebdomadaire privé Mebruk, a été condamné à
dix-huit mois de prison pour "diffamation", dans une affaire datant de
plus de sept ans. En mars 2006, Abraham Gebrekidan, rédacteur en chef
de l’hebdomadaire privé aujourd’hui disparu Politika, a été condamné à
un an de prison pour "publication de fausses nouvelles", à cause d’un
article paru en 2002. En décembre 2005, Wosonseged Gebrekidan,
rédacteur en chef de l’hebdomadaire privé Addis Zena et ancien
rédacteur en chef de l’hebdomadaire privé Ethiop, a été condamné pour
"diffamation" à huit mois de prison pour un article paru en 2002, dont
il n’était pas l’auteur. En tout, 21 journalistes sont détenus
en Ethiopie. Quinze d’entre eux font partie du groupe d’au moins 76
membres de l’opposition, de la société civile et de la presse privée
poursuivis depuis fin 2005 pour "trahison", "conspiration" en vue de
renverser le gouvernement et "génocide". Deux autres journalistes,
Shiferraw Insermu et Dhabassa Wakjira, de la chaîne de télévision
publique Ethiopian Television (ETV) sont accusés depuis avril 2004
d’avoir été des informateurs du mouvement sécessioniste Oromo
Liberation Front (OLF).
Source : Reporters Sans Frontières, 30 janvier 2007