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Toi qui viens d'Ethiopie...
6 mars 2007

Les circonstances de la disparition de cinq Britanniques en Ethiopie demeurent obscures

par Jean-Philippe Rémy

L'identité des ravisseurs d'un groupe de cinq Britanniques enlevés jeudi dans le nord de l'Ethiopie demeurait toujours, mardi 6 mars, l'objet de spéculations. La découverte, lundi, d'une partie des véhicules qui transportaient les deux hommes et les trois femmes, liés à des degrés divers à l'ambassade de Grande-Bretagne à Addis-Abeba, ainsi qu'une douzaine d'accompagnateurs éthiopiens, n'a pas rassuré l'équipe d'enquêteurs dépêchée sur le terrain. Les trois véhicules, dont l'un avec des plaques diplomatiques, qui ont été retrouvés à Hamad Ela, à une dizaine de kilomètres de la frontière avec l'Erythrée, portent des impacts de balles. Ils n'ont pas été pillés.

Selon des informations publiées par la presse britannique, des unités appartenant au corps des SAS seraient déjà déployées dans la Corne de l'Afrique, notamment à Djibouti. Ces forces spéciales seraient prêtes à mener une opération dans la région frontalière. A Londres, le gouvernement s'est refusé à tout commentaire.

Dans la région afar, plus précisément dans la dépression des Danakil, réputée l'une des plus inhospitalières au monde, un tourisme d'aventure s'est développé ces dernières années. Les groupes viennent y admirer des lacs sulfurés, des mines de sel ou un volcan, l'Herta Ale, en dépit de la proximité d'une frontière toujours disputée par l'Ethiopie et l'Erythrée, qui entretiennent un état de grande tension susceptible de déboucher sur un conflit ouvert.

TENSION AVEC L'ERYTHRÉE

Samedi, le président de la région afar, Ismaël Ali Sero, accusait les ravisseurs d'être des "soldats érythréens". Depuis, les autorités d'Addis-Abeba ont déclaré n'être en mesure "d'accuser personne". Mais parallèlement, le gouvernement présentait à la presse des témoins affirmant avoir été enlevés puis relâchés. Ces derniers ont affirmé que leurs ravisseurs portaient des "uniformes érythréens", voire que les touristes avaient été conduits dans un camp érythréen près de la frontière.

Aucun de leurs témoignages n'a pu être confirmé. Peut-être les ravisseurs appartiennent-ils simplement à l'un des groupes de la région afar oscillant entre revendications indépendantistes et banditisme. A Londres, un porte-parole du ministère des affaires étrangères a précisé que son gouvernement, "constamment en contact avec les Ethiopiens", avait aussi eu des "discussions constructives" avec les autorités érythréennes.

Cet enlèvement intervient à un moment où la tension entre l'Ethiopie et l'Erythrée est à nouveau élevée. Les litiges frontaliers entre les deux pays, qui ont compté parmi les facteurs déclencheurs de la guerre (1998-2000), devaient être tranchés par une commission indépendante dont les décisions n'ont jamais été appliquées. Une mission des Nations unies, déployée le long de la frontière, a vu son activité paralysée alors qu'un nouvel élément de tension était apparu avec l'émergence, en Somalie voisine - avec l'appui de l'Erythrée - des forces des Tribunaux islamiques. Forces qu'une opération militaire somalienne soutenue par l'Ethiopie a mis en déroute, en janvier.

Source : Le Monde, 6 mars 2007

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