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Toi qui viens d'Ethiopie...
8 mai 2007

Les juifs en quête de la Terre promise se sentent abandonnés

Des milliers de juifs éthiopiens ont abandonné leur village pour se rendre à Addis Abeba, dans l'espoir d'un éventuel départ pour la Terre promise. Mais ils vivent aujourd'hui dans le dénuement, pour certains sur des collines proches de l'ambassade d'Israël.

"Mes enfants sont partis, et depuis sept ans, nous remplissons des formulaires avec l'ambassade d'Israël, des organisations non-gouvernementales pour partir", explique à l'AFP Huregu Mekonnen, 43 ans, dont les enfants sont en Israël.

"J'ai quitté mon village, j'ai tout laissé derrière moi et je suis très en colère d'être encore ici à Addis Abeba où la vie est très difficile", ajoute cette femme, vieillie avant l'âge.

Dans les années 80 et 90, Israël a organisé deux opérations de rapatriement, permettant à 35.000 juifs éthiopiens de s'installer en Israël.

En 2005, Tel Aviv a promis que tous les Falashmoras, une communauté d'Ethiopiens d'origine juive et convertis de force au christianisme au XIXe siècle, auraient immigré en Israël d'ici la fin 2007.

Ces opérations ont suscité un immense espoir chez de nombreux Ethiopiens de confession juive, qui sont alors partis pour Addis Abeba, sans aucune garantie.

Pour Getnet Mengesha, vice-président de l'association Bete Israelis (Juifs d'Ethiopie, ndlr) en Ethiopie, qui regroupe les Falasha ("sans terre" en Amharique, juifs éthiopiens) et les Falashmora (Ethiopiens d'origine juive convertis de force au christianisme) estimés, selon lui, à 12.000 en Ethiopie dont 2.500 à Addis Abeba, la situation de ces personnes est très précaire et le gouvernement israëlien les a abandonnées.

"La plupart d'entre nous avions une bonne vie à la campagne. Aujourd'hui, il y a en Ethiopie la liberté de religion", reconnaît-il, mais "nous nous sentons rejetés des deux côtés parce que les Orthodoxes (éthiopiens, majoritaires) sont très fiers et qu'Israël nous refuse".

"Maintenant nous sommes des déplacés dans notre pays", constate amèrement cet architecte.

A Addis Abeba, "je n'ai rien. Je suis arrivé il y a dix ans avec mes huit enfants en laissant ma ferme", raconte Mesgan Berehle, 67 ans, venu de la province du Wollo (nord-est) où ses terres ont été redistribuées après son départ.

Pendant son séjour, la famille a eu un nouvel enfant, Tarekegne, polyhandicapé depuis sa naissance il y a neuf ans. "Nous vivons un cauchemar éveillé. Si j'avais été au village ou en Israël, j'aurais pu soigner mon fils", estime-t-il.

"Je ne peux aller ni retourner nulle part, je suis comme sur un bateau naufragé condamné à perpétuité bien que personne ne m'ait jugé", confie le vieil homme.

Plusieurs membres de sa famille, dont un fils et une fille, ont réussi à émigrer en Israël: "Souvent ils m'appellent et me disent de venir. Mais je suis bloqué ici. Pourtant je sais qu'Israël n'est pas le paradis, qu'il y a la guerre et des problèmes pour les Falashas, mais je dois y aller parce que je suis juif".

La judaïté est parfois difficile à établir pour les Falashmoras, confie Mulu Kelkay, ex-soldat de 38 ans.

"Depuis toujours, nos grands-parents nous disent que notre pays, c'est Jerusalem. Nous sommes des juifs et nous voulons aller en Terre promise", lance-t-il.

"De Russie, ils ont même fait venir les chiens, et nous, ils nous laissent. C'est vrai que nous sommes noirs, mais nous sommes juifs, sinon pourquoi auraient-ils accepté nos familles (en Israël) ?", dit-t-il.

Selon l'ambassade d'Israël à Addis Abeba, environ 200 Ethiopiens partent chaque mois pour Israël. Mais en février, le ministère israëlien de l'Intérieur a fixé de nouveaux critères pour ces départs qui limitent les chances d'émigration.

Source : Jeune Afrique, 8 mai 2007

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