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Toi qui viens d'Ethiopie...
11 juillet 2007

De nouveaux marchés pour une tradition ancestrale

En Ethiopie, une femme chef d'entreprise éthiopienne met en relation les tisserands pauvres détenteurs d'un savoir ancestral avec les riches acheteurs en quête de culture.

Muya Ethiopia PLC fabrique des articles décoratifs tissés main pour les consommateurs avertis. Elle exporte vers les Etats-Unis, le Canada, l'Autriche et Israël. Elle emploie près de 120 personnes dont un quart de femmes. Le Forum du commerce a interviewé Sara Abera, fondatrice de l'entreprise en 2005.

Q : Quels problèmes majeurs avez-vous rencontrés pour atteindre les acheteurs occidentaux et comment les avez-vous réglés ?

R : Nous devions nous démarquer des textiles asiatiques à bas coûts qui inondaient les marchés internationaux. Pour cela, nous avons ajouté de la valeur à nos produits en tirant parti de notre héritage africain et des artisans locaux.

Q : Quels étaient vos marchés cibles et pourquoi ? L'étiquette «Made in Ethiopia» est-elle vendeuse ?

R : La tendance, en faveur des produits authentiques faits main, nous a poussés à combler le fossé entre les articles tissés localement et le goût des consommateurs mondiaux. Nous avons créé des oreillers, chemins de table, plaids, décors de table et sets tissés main ; cet «art éthiopien du tissage» comme l'appellent les étrangers agrémente leur intérieur envahi de produits fabriqués à la chaîne.

Q : En tant que femme entrepreneur, avez-vous plus de difficultés que vos homologues masculins à financer et développer votre activité ?

R : En théorie, il n'y a pas de discrimination fondée sur le sexe pour l'accès au crédit mais en pratique, oui !

Q : L'Ethiopie est un pays pauvre. Quelle est l'incidence sur le développement de votre entreprise ?

R : En Ethiopie, le tissage est une activité familiale habituellement réservée aux hommes. Le contrôle qualitatif et la gérance des tisserands dispersés dans tout le pays sont un obstacle au développement de produits haut de gamme. Nous avons créé un atelier pour former les tisserands locaux et leur donner un sentiment d'appartenance à une entreprise, plutôt qu'à une famille. Nous formons également les femmes au tissage pour leur assurer un revenu. En Ethiopie, les tisserands, réputés pour être laborieux et talentueux, travaillent à domicile dans de piètres conditions, sans exposition aux marchés. Nous les aidons à améliorer leurs conditions de travail et à trouver des débouchés à plus haute valeur ajoutée. En les traitant avec respect et en leur donnant les moyens de conserver leurs traditions séculaires, nous préservons leur patrimoine pour les générations futures.

Q : En quoi la «marque Afrique» à laquelle vous contribuez affecte-t-elle votre activité ?

R : On sait que l'Afrique souffre d'un important «déficit» d'image, qui a un impact négatif sur les produits africains. Mais nous sommes déterminés à inverser la tendance. C'est un fait : l'Ethiopie est un pays pauvre (mais potentiellement très riche !) ; nous avons su convaincre notre audience de notre fierté à proposer aux consommateurs du monde entier notre collection fondée sur la culture – qui fait la part belle aux produits de qualité sans surcoût obligatoire plutôt qu'aux produits à bas coûts.

Q : Que faire pour améliorer les opportunités commerciales en Afrique ?

R : L'héritage culturel de l'Afrique a souvent inspiré les grands couturiers et l'industrie du luxe sans que les artisans africains – garants des traditions – ne retirent les bénéfices de cet «emprunt culturel». Pour que les choses changent, il faut que les entrepreneurs africains aient l'occasion de rencontrer les acheteurs et les investisseurs et d'élargir le secteur le plus prometteur du continent.

Source : AllAfrica, 11 juillet 2007

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