Pour l’Unicef, les secours ne doivent pas se relâcher
Les pluies qui ont touché certaines zones de la Corne de
l'Afrique ne changent pas dans l'immédiat la situation des bergers qui
ont perdu leurs ressources.
La Corne de l’Afrique attend-elle encore la pluie ou bien est-il déjà trop tard pour que la crise soit atténuée ?
Les
pluies ont commencé à tomber dans certaines zones, au Kenya, en
Ethiopie, un peu moins en Somalie. C’est un signe d’espoir pour
l’avenir : un environnement plus favorable pourrait se reconstituer.
Mais les bergers ont déjà perdu beaucoup de bétail, et ces pluies ne
vont pas tellement atténuer les souffrances de la population dans
l’immédiat. On peut même dire qu’à court terme, elles risquent
d’aggraver la situation, en entraînant des diarrhées, des infections
respiratoires et en attirant les moustiques, donc le paludisme. Les
secours ne doivent pas se relâcher.
Comment
l’Unicef se déploie-t-il au niveau logistique face à ce genre de
crise ? Il y a 5 pays concernés : qu’est-ce qui existe comme relais sur
le terrain pour accéder au maximum de sites touchés ?
Primo,
l’Unicef s’appuie sur ses bureaux de terrain, dans les cinq pays
concernés : les staffs locaux mettent la priorité sur l’urgence.
Deuxio, des professionnels ont rejoints la zone affectée : depuis
décembre, 34 personnes sont ainsi mobilisées spécialement pour cette
crise. Tercio : New York envoie des techniciens et des opérationnels
supplémentaires sur le terrain.
Est-ce qu’il y a des facteurs, autres que climatiques, qui expliquent que ces crises se répètent régulièrement ?
Il
y a des facteurs démographiques. La densité de population devient
élevée par rapport à ce que la terre peut supporter. Les parcelles pour
nourrir une famille sont de plus en plus petites. Les ressources en eau
sont limitées pour pouvoir abreuver le bétail. À cela s’ajoutent des
facteurs sociaux : la population la plus touchée est une population
nomade. J’ai constaté en Ethiopie des taux de malnutrition élevés mais
surtout des taux de fréquentation des centres de santé minimes. Ce sont
des gens qui sont difficile à toucher. C’est un problème aussi bien
pour l’Unicef et ses partenaires que pour les gouvernements.
Quels sont les actions menées pour essayer d’enrayer à long terme ce genre de crise ?
Nous
commençons à déployer une politique « out-reach » : au lieu de services
sociaux fixes, nous développons des équipes mobiles, chargées de se
déplacer vers les gens. C’est ce qui est mis en place depuis un an et
demi en Ethiopie. Ce sont par exemple des équipes de vaccination qui
vont d’un site à l’autre. L’idée est d’avoir aussi des écoles plus
souples, avec des enseignants formés au sein même de ces groupes
nomades. En dehors de cette stratégie, il faut aussi noter comme
réponses de long terme les fonds d’assistance alimentaire qui sont mis
en place par les gouvernements.
Est-ce que l’aide internationale est bien accueillie par les autorités sur place ?
Certaines
zones sont difficiles d’accès pour des raisons d’éloignement ou de
sécurité. D’autres sont même inaccessibles, comme en Somalie. Des
interventions qui réclament une présence prolongée, comme une campagne
de vaccination ou le forage de puits, ne sont pas toujours possibles :
dans ce cas l’intervention se limite à la nutrition. Mais dans
l’ensemble, nous sommes bien accueillis. Les gouvernements sont
conscients qu’il faut agir, et vite.
Source : UNICEF, 10 mai 2006