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Toi qui viens d'Ethiopie...
19 juin 2006

L'enseignement élémentaire alternatif rapproche de leurs rêves les enfants des tribus pastorales

Par Indrias Getachew

ADDIS ABEBA, Ethiopie, 19 juin 2006 - Medina Humed Ahmed, 10 ans, confie ses rêves d'avenir.

ibc_ethiopia_060505EMedina Humed Ahmed (au centre), 10 ans, en rang avec d'autre fillettes se préparant à entrer dans l'école d'enseignement élémentaire alternatif Galifega, en Afar, Ethiopie.

« Je veux conduire un de ces véhicules tout-terrain et je veux aussi prendre l'avion », affirme-t-elle en pointant un doigt vers le ciel sans nuages du désert de la région Afar, en Ethiopie. Ses paroles provoquent chez les membres de sa famille un tonnerre d'applaudissements.

A l'opposé de la confiance qu'elle affiche aujourd'hui, Medina, il y a seulement deux mois, n'était pas du tout certaine de quoi serait fait son avenir. A ce moment, elle passait la plupart de son temps à aider sa mère pour les tâches ménagères. Son contact avec le monde extérieur était limité à aller chercher de l'eau et du bois de chauffage et à sortir les brebis et les chèvres pour leur trouver une pâture.

Mais aujourd'hui, Medina va à l'école - une chance qu'elle doit, elle et les autres enfants de pastoraux, au programme d'Enseignement élémentaire alternatif (ABE) actuellement mis en place par le Bureau de l'Education de la Région d'Afar, avec le soutien de l'UNICEF.

Enfants de pasteurs

L'Afar, où Medina vit avec sa famille, possède une population de plus d'un million de personnes et est une des régions les plus pauvres d'Ethiopie. Les infrastructures y sont  réduites au minimum et on estime que 90 % des enfants en âge d'être scolarisés ne vont pas à l'école. Un score bien pire que la moyenne nationale, déjà faible, de 43%.

ibc_ethiopia_060513EMedina puise de l'eau dans un étang qui s'est formé à la suite d'une inondation récente. Comme tous les enfants de nomades, Medina a commencé à aider aux tâches ménagères dès son plus jeune âge.

La plupart des membres des tribus de l'Afar sont des pasteurs, leurs vies étant liées au devenir de leurs troupeaux de brebis, de chèvres et de chameaux qu'ils élèvent dans l'un des milieux les plus inhospitaliers de la planète.

Les enfants jouent un rôle crucial au sein du mode de vie nomade. Les garçons, dès l'âge de huit ans, commencent à garder les brebis et les chèvres de leur famille tandis que les filles aident aux tâches ménagères. Medina n'était qu'un cas parmi tant d'autres chez les nombreux enfants de pastoraux auparavant dépourvus de toute chance de faire valoir  leur droit à l'éducation.

Responsabilités scolaires et familiales en même temps

Le programme ABE constitue une réponse à l'urgence d'un enseignement adapté aux nécessités et aux contraintes particulières de la vie pastorale. Il offre un emploi du temps scolaire flexible qui permet aux enfants d'assumer leurs responsabilités familiales tout en trouvant du temps pour l'école. Les enseignants ont une connaissance intime de la communauté et comprennent le mode de vie pastoral. 

«Enseigner est une profession tenue en haute estime par la communauté afar, explique Mohammed Adam Mohammed, 20 ans, facilitateur du programmeABE. Que peut-il y avoir de mieux que d'apporter instruction et savoir aux siens ? Je vis dans la communauté, je dors et mange avec ses membres. S'ils avaient à quitter cet endroit, je partirais aussi avec eux.»

Ces jours-ci,  Medina se lève à l'aube et rejoint sont frère Mohammed, 12 ans, pour emmener paître les brebis et les chèvres du cheptel familial. Ils partent tôt afin d'être de retour à temps pour prendre leurs livres de classe. A huit heures, tous deux seront à la porte de l'école pour la mise en rang du matin et les cours avec plus de 40 autres élèves.

Les leçons comprennent un enseignement en langues afar et anglaise, des cours de mathématiques et d'écologie. Les horaires sont choisis par la communauté. Certains cours se déroulent le samedi et l'année scolaire de l'ABE est parfois plus longue qu'une année scolaire normale afin de permettre aux enfants d'avoir le temps d'aller à l'école et d'aider aux tâches ménagères.

ibc_ethiopia_060510EMedina (à droite) avec sa grand-mère, Robi Ibrahim, et de deux amies. Depuis qu'elle est entrée dans une école spécialement conçue pour les enfants de pastoraux, sa famille a modifié son mode de vie afin que son éducation ne soit pas interrompue.

Rester avec les enfants

« L'enseignement élémentaire alternatif est en train de faciliter l'émergence d'une nouvelle génération instruite de membres des tribus pastorales en Ethiopie, explique le Représentant de l'UNICEF en Ethiopie, Bjorn Ljungqvist. Si nous voulons réussir à offrir un enseignement primaire à tous les enfants éthiopiens, y compris les filles, les programmes que nous offrons doivent pouvoir intégrer les modes de vie des enfants les plus difficiles à atteindre. » 

Pour attirer davantage d'enfants dans les écoles, l'UNICEF est en train de d'élargir son action en Afar. Plus de 150 centres ABE supplémentaires seront bientôt construits, offrant ainsi un enseignement à quelque 7 500 enfants.

Là où les écoles ABE sont opérationnelles, la vie commence à changer pour les pasteurs de l'Afar.

« Je préfère notre vie de nomades parce que je crois qu'elle est mieux pour nous, affirme Robi Ibrahim, la grand-mère de Medina. Mais nous avons décidé de rester ici avec les enfants alors que la plupart des autres adultes s'en vont avec leurs animaux. Pourquoi nos enfants devraient-ils être laissés pour compte quand d'autres vont à l'école ? »

« Seul Allah sait ce que sera l'avenir de Medina mais je crois que l'éducation qu'elle reçoit la préparera à tirer le meilleur parti possible de sa vie », affirme-t-elle.

Voir la vidéo associée à cet article (en anglais)

Source : UNICEF, 19 juin 2006

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